Pourquoi l’achat groupé ne pouvait marcher :
Après l’échec de l’achat groupé en France (fermeture de Koobuy et restructuration de Clust), on peut essayer d’analyser le modèle.
En positif dans Clust on trouve un concept sympa (sur le papier), un site bien fichu (mais fort couteux, avec des prestataires comme 404 Found, et GFI), une bonne équipe, plus portée sur la communication que sur la logistique.
Reste que le modèle en lui même n’est pas viable. En effet plusieurs problèmes :
Le business model d’achats groupés CtoC de Clust n’était malheureusement pas viable car il nécessitait des investissements trop importants pour atteindre la taille critique sur un marché comme la France.
Dès 19999, on savait qu’aux US, seuls 1 ou 2 sites similaires comme Mercata allaient survivre (et encore) et sur un marché pourtant plus grand que l’Europe.
Et dommage pour Clust, Letsbuyit a été le plus rapide et a réussi à lever les fonds énormes nécessaires à leur survie avant que le soufflé boursier ne retombe.
La France, et même l’Europe, est tenue par des cartels ou des ententes.
M6, lors d’un reportage de l’émission Capital, avait mis le doigt sur les ententes illicites en matière de produits blancs et bruns.
Si vous essayez de vendre moins cher que le prix fixé par le fabricant, il ne vous livre pas. Le cas se reproduit dans quasiment tous les produits de consommation aujourd’hui.
Il suffit de voir le nombre d’ententes illicites traitées par la Commision Européenne, sachant que ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
Et que dire des grandes surfaces ?
Si jamais elles trouvent un produit sur votre site vendu, ne serait-ce que 1%, moins cher que dans leurs magasins, elles demandent un avoir rétroactif sur 3 ans aux fabricants.
Dans ces conditions, qui prendra le risque de vous livrer ? Mauvais ciblage ?
Selon moi, les décideurs de l’Internet français travaillent beaucoup, vivent en vase clos et ne vont pas assez souvent chez leur grand mère qui habite toute seule dans le massif central, et qui n’arrive déjà pas à faire une commande sur minitel pour le téléshopping.
Du coup, on oublie qu’un concept comme Clust s’adresse en fait à des cyberconsommateurs très impliqués et très expérimentés qui sont donc par définition encore trop peu nombreux en France pour faire vivre un tel site.
En gros ce sont des parisiens qui bossent dans des start up. (Combien de divisions ?)
L’échec d’un système, l’échec de la communauté des professionnels de l’Internet français, dont chaque membre se considère, à force de fréquenter exclusivement des gens de son milieu, comme un internaute moyen et qui oublie parfois un peu vite la différence de taille et de maturité entre les marchés US et français.
On me rétorquera : pourtant ibazar ça marche.
Ok mais en fait ibazar n’est pas un site de vente aux enchères mais un site de petites annonces. Seules quelques offres font l’objet d’enchères multiples de la part d’enchérisseurs très technos et très impliqués.
L’internaute moyen ne s’implique pas autant.
Il n’en a pas le temps ni l’envie. Si un objet lui plaît, il fait une enchère et ne va pas plus loin. Et même l’enchère en elle-même est un concept bien plus facile à comprendre que celui des achats groupés sur Internet.
Une dernière chose sur Clust, il faudrait voir également dans quelle mesure une petite start up peut négocier des tarifs plus avantageux qu’une montreuse centrale d’achat de la grande distribution.
L’achat groupé, c’était peut être plus à Auchan via l’énorme volume de ses enseignes en nom propre et de ses filiales de le faire.