Les études sont trop optimistes et peu réalistes (11/2000)

Pour Clust et Koobuy, il y a outre, le business model délirant, un autre problème, celui de la taille critique. Or je crois que les études sur le nombre d’internautes futurs et leurs dépenses en e-commerce sont fausses.

Tout d’abord parce que l’Internet coute toujours aussi cher non pas en raison du prix des communications mais en raison du prix du matériel.

Un PC coute toujours entre 6000 et 10000 Francs et malgré les promesses ce ne baisse toujours pas.

« IDC estime que le nombre d’internautes en France atteindra 10,9 millions à la fin de l’année 2000 « .

Or il y a d’après les études les plus optimistes 25% de français qui disposent d’un ordinateur et seulement 10% d’un ordinateur dernier cri.

Soit en prenant le chiffre le plus optimiste 15 millions de français qui ont un ordi. Autrement dit à la fin de l’année, cela voudrait dire que 66% des français ayant un ordinateur sont connectés à Internet.

Difficile à croire à moins qu’IDC ne prenne en compte les gens qui découvrent internet au bureau mais à ce moment leur temps de surf est plus limité et vu le nombre de sites il va y avoir d’autres morts.

Par ailleurs Internet reste en concurrence frontale avec la Télé.

Or si vous regardez la télé, vous ne faites pas d’Internet.

Et quand on sait que les gens qui travaillent rentrent à peu près à 18 heures voir 19 heures chez eux cela ne laisse pas vraiment beaucoup de place pour consommer de l’Internet.

Enfin les chiffres sur le e-commerce sont du délire total.

D’abord parce qu’ils s’appuient sur un nombre d’internautes futurs assez farfelu comme je le disais précédemment ensuite parce qu’Internet a déjà quasiment fait le plein des classes aisés.

Autrement dit les futurs arrivants auront un pouvoir d’achat bien moindre que les anciens, ce dont visiblement personne ne tient compte.

Les deux tiers des starts up créées vont littéralement péricliter, si l’interopérabilité des supports (notamment TV, mobile, PC) ne se fait pas rapidement.

Les faillites récentes révèlent en réalité des comportements opportunistes qui consistent à créer un business model bidon, pour recevoir un minimum de cash flow qui permet de mener un train de vie délirant.

Je m’explique :

Dans toute activité, vous avez des « pionniers » qui réussiront grâce à leur persévérance et à leur génie.

Quant aux « mercenaires », ils n’ont pas d’idées mais ils disposent des moyens (par exemple, intellectuel) de réaliser les idées des autres.

Une troisième catégorie, les « rapaces » voient le gâteau grandir. Ils veulent dans ces conditions en profiter.

Intuitivement on confond cette catégorie avec celle qui se compose des individus qui ont une « bonne » idée de départ mais qui à l’arrivée est mauvaise : c’est à dire tout ceux qui ne sont pas des premiers entrants ou la référence du marché et qui ont construit leur modèle économique sur l’enrichissement par la pub ou le B to C.

Le mammouth va t-il dégraisser, pour finalement ressembler à une souris ?